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L’été 1928, la société OZANAM des Conférences Saint Vincent de Paul confiait au Père Marcellin FILLERE, jeune prêtre de 28 ans, la direction d’une colonie de vacances d’une quarantaine de garçons à Jouy-sur-Morin (actuel Seine et Marne), dans les dépendances d’un moulin. Dix ans plus tard, 700 garçons partaient enthousiastes. Ce succès fulgurant était lié à la personnalité hors du commun du Père Fillère, mystique, intellectuel, brillant orateur et homme d’action. Son charisme, sa foi vibrante, ses méthodes pédagogiques très en avance sur leurs temps avaient créé un nouveau type de camp. Rien n’était comme ailleurs.
Ses recherches sur la philosophie et la psychologie l’avaient amené à faire autrement : l’importance du jeu et de grands jeux bibliques ou historiques, l’importance d’une belle liturgie, en français et face aux enfants (!), l’importance accordée à de larges lectures de la bible, l’importance des chants spécifiquement composés par le père Reboud pour faire passer un souffle prophétique.
De très nombreux prêtres venaient visiter cet endroit, voici divers témoignages de l’époque :
« Nous étions alors curieux de ses méthodes pédagogiques, mais bien vite nous nous apercevions qu’il s’agissait de bien autre chose : la Cité n’étant que le rayonnement du Sacerdoce. Je me rappelle comme il s’amusait des visiteurs qui venaient chercher des procédés. « On vient ici comme l’apprenti sorcier pour y chercher des formules magiques. Ce ne sont pas nos méthodes qui comptent, c’est l’Eglise. »
« Je suis conquis parce que je n’ai pas trouvé ici l’étalage d’un esprit particulier, ce n’est pas l’école du Père Untel, c’est l’esprit de l’Eglise ».
En août 1937, le père Fillère fut poursuivi par le tribunal de Police de La Ferté Gaucher pour trouble à l’ordre public : les jeunes avaient traversé le village en chantant ! Il avait alors prononcé une formidable plaidoirie pour le chant :
« Le sol n’est jamais partagé entre tous, mais le ciel appartient à chacun.
Nous voulons bien être pauvres, mais nous ne voulons pas être tristes.
Le chant est une joie, le chant est une espérance, ne nous interdisez pas la joie, ne nous interdisez pas l’espérance !
Le silence n’est qu’un rêve pour maitre d’études, un rêve qui toujours s’enfuit.
Riches et pauvres ont besoin de chanter, parce que le chant les défend contre eux-mêmes. »
Très conscient de la montée du fascisme et de l’athéisme, le père Fillère sentait l’urgence de bâtir un monde nouveau. Voilà ce qu’il écrivait sur la Cité des Jeunes :
« Ce sera la cité de Dieu que nous fonderons parmi les enfants, symbole de ce que serait la Cité des hommes si elle était chrétienne, esquisse de ce qu’elle sera un jour quand elle le sera devenue… Nous recherchons d’abord le Royaume de Dieu. Nous aurons le reste par surcroît, y compris une multitude d’enfants dans nos cours. »
90 ans plus tard, cette intuition reste intacte. Voilà un bel héritage, qui appelle encore de nos jours à l’action.
Le père Marcellin Fillère (1900-1949), ordonné prêtre en 1924, professeur de psychologie à l’Institut Catholique de Paris, membre de la Société de Marie, participe au lancement des Scouts de France et des Cœurs Vaillants. Il fonde en 1928 la Cité des Jeunes puis en 1935 le Mouvement pour l’Unité. En 1946 il crée la revue l’Homme Nouveau.
Lors de ses études à Rome, il découvre la manipulation du totalitarisme sur les masses. Précurseur, il est convaincu que les totalitarismes veulent détourner de Jésus-Christ, seul Sauveur du Monde.
Dans l’Evangile, il est attiré par les paroles du Christ : « j’ai pitié de cette foule ». Aussi devait-il consacrer sa vie à mettre son talent d'orateur à entraîner les foules à la rencontre de Jésus.
C’est dans l’image biblique, dans la parole évangélique que cet apôtre trouve le meilleur de son art.
De la Genèse à l’Apocalypse, il fait découvrir le plan de Dieu : Ramener à l‘Unité les enfants de Dieu dispersés.
Il meurt accidentellement à 49 ans d'une noyade, le 10 août 1949, lors d’un camp, à Capbreton (Landes).
Plusieurs ouvrages sont disponibles pour en savoir davantage, en particulier celui de l'historien Yves Chiron, publié en 2011. Voir les illustrations.